Madame la Psychologue.

Je me permets de vous demander conseil afin de savoir, comment sortir de la situation pénible que je viens de vivre. L’autre jour, je me promenais, en plein jour, dans les rues de ma ville, alors, d’un coup j’ai été bousculé et j’ai été insulté d’une façon très agressive. La personne, qui a fait cela, était un homme jeune, d’une apparence redoutable et vraisemblablement un peu ivre. Je n’ai pas osé dire un mot. Néanmoins, l’insulte en question avait un rapport avec mon apparence physique, différente. Ce que je craignais le plus, alors, c’était qu’il ne m’attaque physiquement. Bien sûr, en tant homme, je devrais pouvoir me défendre, mais d’un autre coté, je n’ai pas envie de me bagarrer. J’ai peur de blesser quelqu’un et par la suite, en tant qu’étranger, de me trouver en difficulté et mis, lourdement, en accusation. Je suis un peu maladif, alors, aussi je crains que je ne sois blessé gravement et que je ne me trouve handicapé, d’une manière ou d’autre, pour le restant de mes jours. Depuis cet événement, je suis très stressé, et à vrai dire, je n’arrive pas à rester calme et détendu lorsque je dois sortir seul. Sans discontinuer, je me sens quelque peu tendu et en état d’alerte. Je suis tout particulièrement stressé, lorsque je dois sortir quand il fait nuit. Il m’est difficile de sortir dans l’obscurité, ne serait ce que pour les courses à faire dans un magasin d’à coté, et ne parlons pas du jogging du soir, en étant en état d’alerte, perpétuellement. Quand je suis obligé de penser qu’il est possible que, de nouveau, je croise le chemin du type qui m’a agressé, alors, me promener dans les rues de la ville ne me procure plus le même plaisir qu’avant. Pour ma plus grande honte, j’ai dû me rendre à l’évidence que j’ai peur, à vrai dire, j’ai peur de mon ombre, même. Depuis que je suis en Finlande, j’ai, constamment, été obligé à noter la manière hostile dans le regard que les gens portent sur moi. Chaque jour, quelqu’un me lance un regard longue et rempli d’hostilité. Il arrive, bien sûr, que les gens soient gentils. Or, il me semble qu’il soit difficile pour les Finlandais de considérer de façon normale une personne qui soit différente ou que les gens, qui ont la même apparence que moi, ne soient liés au terrorisme ou à un islamisme fondamentaliste, d’après eux. J’ai eu deux – trois copines finlandaises, et, celles-ci se sont plaintes auprès de moi de la façon comment elles ont dû ressentir les regards portés sur nous, lorsque nous nous sommes promenés à deux, et, que ces regards n’étaient, de loin, gentils. Dans différents endroits, j’ai souvent le sentiment que l’on me reçoit de façon désobligeante et que l’on me réserve un accueil, du point de vue service, tout à fait différent par rapport aux Finlandais. Par exemple, lorsque nous étions à la banque, ma copine et moi, aux guichets voisins, nous avions la même chose à régler tous les deux : Il s’agissait de faire dépôt sur nos comptes des billets de banque étrangers restés en surcroît de notre voyage de vacances. En ce qui me concerne, la banque vérifiait, soigneusement, chacun de mes billets et en questionnait l’origine, à ma copine finlandaise, aucune question ne fût posée. Je me suis senti, profondément, blessé. Je suis en Finlande depuis plus de dix ans et je parle couramment la langue, néanmoins, il est lourd de supporter de se sentir comme faisant partie d’une classe de citoyens de deuxième ordre, que ce soit directement ou indirectement. Je crains que l’attitude qui nous est réservée, à nous autres, issus de l’immigration, ne fait que croître et renforcer en nous la haine que nous ressentons envers la majorité dominante, parce qu’à la longue c’est insupportable. Je vous demande donc de bien vouloir me conseiller, comment se préparer "mentalement" à affronter un tel monde ?

Signé : "Cheveux noirs".

Monsieur "Cheveux noirs".

L’attitude raciste et discriminatoire, telle que vous décrivez et qui se manifeste sous forme d’insultes, violence ou par la mise en place d’une ambiance menaçante, par exemple, par des regards hostiles, sont bien plus fréquentes que nous ne le soyons prêts à admettre. Les personnes issues de l’immigration et dont l’apparence physique est différente par rapport aux autochtones, en savent quelque chose. Or, souvent ces personnes se montrent très réservées pour raconter leurs expériences en la matière. De leur coté, elles ne veulent pas blesser les sentiments des nationaux, ainsi, tout au plus, elles partagent leurs affaires entre leurs amis propres. Accueil raciste et attitude discriminatoire directe ou indirecte sont, sans appel, injustes et en parfaite contradiction avec la législation en vigueur en Finlande. À ce sujet, il est utile de savoir que la Loi est parfaitement explicite là-dessus. Voici un extrait de la loi Égalité, § 6 : "Prohibition de la discrimination : Nul ne doit faire objet de la discrimination en raison de son âge, son origine ethnique ou nationale, sa nationalité, sa langue, sa religion, ses convictions, ses opinions, son état de santé, son infirmité, son orientation sexuelle, ni pour raison, aucune, liée à sa personne. Concernant discrimination basée sur le sexe, il existe une législation stipulant, spécialement, sur la parité femme-homme. Discrimination signifie : 1) Que, dans une situation comparable, l’on ait réservé, que l’on réserve ou l’on réserverait un accueil défavorisant à quelqu’un par rapport à quelqu’un d’autre (discrimination directe.) ; 2) Qu’une règle, fondement ou pratique, en apparence neutres, placent quelqu’un dans une situation défavorisant entre autres personnes comparables, mis à part le fait que la règle, fondement ou pratique ne soient recevables du point de vue objet recherché et que les moyens mis en contribution ne soient point adéquats et nécessaires (discrimination indirecte.) ; 3) Atteinte intentionnelle ou factuelle à la dignité ou valeurs morales d’une personne ou d’un groupe de personnes en mettant en place une atmosphère menaçante, hostile, méprisante, humiliante ou agressive (harcèlement.) ; 4) Il est prohibé de mettre en exécution un règlement ou un ordre d’exercer la discrimination." En réponse à votre question : il n’existe aucune bonne manière pour supporter un mauvais accueil, ni s’y préparer "mentalement". Il n’existe qu’une seule attitude face à ces faits – lorsque les conditions pénales sont réunies, alors, il s’agit d’un fait criminel. Lorsqu’une prochaine fois vous vous trouvez dans une situation où vous pensez que vous avez fait objet d’un comportement discriminatoire ou raciste, tout d’abord mémorisez les faits avec exactitude : que s’est-il passé, qui a fait quoi, où et quand ? Ensuite, rendez vous au commissariat de police le plus proche ou bien téléphonez au 112. La police est tenue à établir un procès verbal de ce dont vous pensez qu’il s’agit d’un fait criminel. La police vous posera des questions au sujet de ce qui s’est passé ; le nom ou le signalement de l’auteur du fait criminel ; le lieu du fait, par exemple, le nom du restaurant ; avez-vous subi des dommages ; vous vous-êtes rendu chez un médecin et, en raison de votre origine ethnique, de quelle manière vous a-t-on accueilli ?

Plus tard, vous serez convoqué pour un nouvel interrogatoire. Prenez votre pièce d’identité et rendez vous, à l’heure, sur le lieu indiqué par la convocation. Au cas où la date et/ou l’heure ne vous conviennent pas, vous avez le droit de proposer un autre moment, à condition de le faire bien à l’avance. Seront présents vous et un policier. Si vous avez besoin d’un interprète ou d’un conseil juridique, vous y avez droit. Si vous signalez, d’avance, que vous avez besoin d’un interprète, la police s’en chargera et cela sera sans frais pour vous. Vous pouvez, de vous-même, acquérir un juriste. Au cas vous n’en connaissez pas, la police peut s’en charger. Renseignez-vous, d’avance, est-ce que c’est vous qui devez débourser les frais du juriste. Après, lisez, calmement, le comte rendu d’interrogatoire. Vérifiez qu’il soit écrit avec exactitude. Si celui-ci comporte des fautes, demandez que celles-ci soient corrigées. Si, par exemple, vous pensez que le fait incriminé est d’ordre raciste, vérifiez que cela soit bien écrit par la police. Vous avez droit à une copie de votre interrogatoire. À la police, il faut dire la vérité. Si la victime ment, cela est criminel. Aussi, cela nuit au travail de la police. Si la police ne trouve pas suffisamment de preuves qu’un crime ait été commis, alors elle interrompt ou arrête l’instruction. Comme sanction, quand il s’agit d’un délit de moindre importance, l’auteur du délit sera passible d’une amende. Les cas graves seront portés auprès du procureur par la police. Alors, il dépendra de la décision du procureur, s’il y a lieu de poursuivre les faits devant le tribunal de grande instance. Quand il s’agit de faits de moindre importance, le procurer n’ordonne pas de poursuite. Lorsque le procureur décide de porter l’affaire devant le tribunal, alors, il est possible que plusieurs mois passent, avant que l’affaire ne soit traitée par le tribunal.

Si vous avez été présent et vu, lorsqu’un quelqu’un a commis un acte criminel, alors vous en êtes le témoin. Il faut que vous encouragiez la victime à porter l’affaire à connaissance de la police. Il faut que vous vous présentiez à la victime et à la police. Au cas où, vous trouvez que la façon d’agir du policier qui a traité votre cas n’est pas satisfaisante, vous pouvez prendre contact avec son supérieur hiérarchique. Vous pouvez lui indiquez, alors, avec quel représentant de la police vous avez eu affaire et quand. Vous pouvez, par écrit vous plaindre auprès du chef de la police locale, auprès du Conseil départemental ou bien au Ministère de l’intérieur. Vous pouvez, également, porter votre affaire à connaissance du Médiateur du Parlement. Il existe aussi, en Finlande, un Médiateur pour minorités. Il y a, dans son office un service clientèle que vous pouvez contacter au cas où vous avez observé ou vous vous ressentez qu’en raison de vos origines ethniques ou parce que vous êtes étranger vous avez souffert d’un comportement discriminatoire à votre encontre ou encore, si pour les mêmes raisons, il y a eu un comportement raciste ou inconvenant à votre encontre. En cas de discrimination, le Médiateur pour minorités entreprend les démarches nécessaires. La surveillance ou les conseils des cas liés directement à la discrimination ethnique font partie de ses fonctions. Les cas dépassant cette limite ne font pas partie de ses fonctions, ainsi, en cas de besoin il les adresse aux autorités compétentes en la matière. Vous pouvez prendre contact avec l’Office du Médiateur pour minorités : Permanence téléphonique :071 878 8666. Les jours ouvrables la permanence téléphonique répond de 10h00 à 12h00. Aux fins de clarification de la situation lui étant soumise, le contrôleur en chef proposera ses conseils et, éventuellement, décidera des suites à donner aux fins de règlement de l’affaire. Au téléphone on vous servira en finnois, suédois et en anglais. Le service peut être interrompu durant des réunions du personnel. Dans ce cas, c’est le standard qui indiquera les prochaines heures du service. Vous pouvez vous adresser à l’office par courrier ou par e-mail. Lorsqu’il s’agit de cas de discrimination ou de questions y adhérentes vous pouvez adresser votre e-mail à l’adresse : ofm@ofm.fi . Le courrier est à adresser : Vähemmistövaltuutetun toimisto, Mikonkatu 25, PL 26, 00023 VALTIONEUVOSTO. Au cas où, vous ne maîtrisez pas le finnois, suédois ou l’anglais, vous pouvez rédiger votre courrier ou votre e-mail en votre langue maternelle, dans quel cas l’Office du Médiateur pour minorités le fera traduire. Ceci sera sans frais pour le client. Il serait souhaitable que la longueur de votre texte est de deux pages maximum. Les rendez-vous sont, toujours, à convenir à l’avance, mais sachez que les services du Médiateur pour minorités sont gratuits.

Lorsqu’on traite des personnes de nom de "russe" ou de "nègre", à coté de tels actes dont l’objet vise le statut de minorité ou l’origine ethnique des personnes, il existe d’autres faits répréhensibles relevant du droit pénal, entre autres : la diffamation et les menaces de violence. Même, si la loi finlandaise garantit la liberté d’expression, néanmoins, le droit pénal statue sur la diffamation, diffamation aggravée et menaces de violence, en les considérant comme des actes passibles de sanctions. Est diffamation, le fait de propager des informations mensongères ou des allusions allant dans ce sens au sujet d’une personne, de telle manière que la personne en question en subit des préjudices, doit en souffrir, la personne devient objet de mépris et d’avilissement à cause de tels actes. Néanmoins, le fait de critiquer une personne dans accomplissement des ses fonctions publiques, et quand la critique en question ne dépasse pas ce qui doit être considéré comme acceptable du point de vue de bonnes manières, la critique, alors, ne peut être considérée comme diffamation. Est, également, condamnable comme diffamation, le fait de propager des informations mensongères ou des allusions allant dans ce sens au sujet d’une personne décédée, et quand de tels actes causent de la souffrance aux personnes proches du défunt. En cas de diffamation, la personne visée doit porter l’affaire à la connaissance de la police. Menaces de violences s’accomplissent, lorsqu’une personne pointe une arme sur quelqu’un ou bien profère des menaces d’usage de violence de la manière telle que la personne visée peut, à juste titre, craindre pour sa propre sécurité ou pour la sécurité d’autrui ou que ses biens ou ceux d’autrui ne soient mis, gravement, en danger. Les menaces de violence exigent, également, la constitution de partie civile, autrement dit, la victime, elle-même, doit contacter la police.

Au cas où vous ne vous sentez pas bien depuis la bousculade, vous pouvez en parler à votre médecin traitant ou, par exemple, à un psychologue. Il est typique qu’après un événement traumatisant psychiquement, la personne souffre d’anxiété, laquelle peut se manifester par la surtension nerveuse, des angoisses ou par un état d’alerte permanent. Les choses, qui font revenir en mémoire l’événement traumatisant, déclenchent, facilement, un état de malaise, l’on en fait des cauchemars ou bien à l’état d’éveil l’événement en question se présente à l’esprit par surprise, de façon involontaire. Également, la personne commence à éviter les lieux ou les choses qui lui rappellent de l’événement. Au cas où, les symptômes se présentent de façon nuisible, il est important de chercher de l’aide, à temps. Il se peut que la victime doit pouvoir produire en justice un certificat médical attestant des dommages corporels ainsi que de la souffrance psychique subis.

Sirkku Suikkanen
Psychologue

L’Office du Médiateur pour minorités:
Vähemmistövaltuutetun toimisto, Mikonkatu 25, PL 26, 00023 Valtioneuvosto, téléphone:071 878 8666. Permanence téléphonique, les jours ouvrables de 10h00 à 12h00. Site Internet www.vahemmistovaltuutettu.fi Vous y trouverez des renseignements en 13 langues différentes.

Aide juridique:
Il existe un Bureau d’Aide juridique dans chaque commune/municipalité. Vous en trouverez les coordonnées dans
• annuaire téléphonique
• au numéro de renseignements de chaque commune/municipalité
• au Ministère de la justice, téléphone : 09 1601
• sur Internet: www.oikeus.fi/9361.htm

Davantage de renseignements aux victimes d’actes criminels www.rasmus.fi en croate, espagnol, français et turc.

Sources utilisées dans cet article : Kortteinen J., Makkonen T. Oikeutta rasismin ja syrjinnän uhreille. Ihmisoikeusliitto, Helsinki 2000.


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